RIGAUDON

RIGAUDON

RIGAUD

Danse d’origine provençale selon certains, inventée par Rigaud, maître à danser parisien (XVII^e s.), selon d’autres. D’après C. Sachs, l’étymologie (italien rigodone ou rigolone ) indiquerait qu’il s’agit d’un «pendant augmentatif ou diminutif de rigoletto ou ronde en cercle». Le rigaudon (ou rigodon) fut fort en vogue à la fin du XVII^e siècle. Cette ancienne danse, très vive, à 2/4 ou 2/2, fut fort répandue en Provence et en Languedoc. Le rigaudon fut dansé à la cour de Versailles aux XVII^e et XVIII^e siècles, et dans les divertissements des opéras; il fit partie de la suite instrumentale, sans y avoir de place précise, pas plus que le menuet, la gavotte ou le passe-pied; mais souvent il figure entre la sarabande et la gigue. Le rigaudon est de coupe ABA, en rondeau, ou avec trois reprises de huit mesures, la troisième (trio) ayant ordinairement un caractère opposé aux deux autres. Ravel écrivit un rigaudon dans Le Tombeau de Couperin .

rigaudon [ rigɔdɔ̃; rigodɔ̃ ] n. m. VAR. rigodon

• 1694; rigodon 1673; o. i., p.-ê. de Rigaud, n. pr.

♦ Danse française en vogue aux XVII^e et XVIII^e s.

♢ Air très vif à deux temps sur lequel on la dansait. Jouer un rigaudon.

● rigaudon ou rigodon nom masculin (peut-être de Rigaud, nom d'un maître à danser) Danse à deux temps, de mouvement vif, qui apparaît dans les ballets et les suites françaises à la fin du XVII^e s. ; air sur lequel on l'exécutait.

⇒RIGODON, RIGAUDON, subst. masc.

A. — MUS., DANSE

1. Ancienne danse du XVII^e et XVIII^e s., exécutée sur un air vif et gai par des couples de danseurs sautant sur place. Le braconnier, républicain, un rouge comme on disait, qui se vantait d'avoir, à Cloyes en 48, fait danser le rigodon aux bourgeoises (ZOLA, Terre, 1887, p. 63).

2. Air très vif à deux temps sur lequel on exécute cette danse, figurant parfois dans un ballet ou une suite de clavecin. Moi, jouant en sourdine un rigaudon de Rameau sur un piano de campagne aux sons vieillots, et trouvant délicieuse cette musiquette du temps passé (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 167). Le troisième mouvement était un rigodon, très rythmé, d'allure cocasse (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 38).

B. — Domaine milit. Batterie, sonnerie, mouvement de fanion exécutés au champ de tir pour signaler qu'une balle est placée au centre de la cible. D'à côté, du quartier de la cavalerie, on entendait toutes les trompettes. Il savait par cœur, Arthur, tous les rigodons (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 66).

— P. méton. Balle placée au centre de la cible. Faire un rigodon. — (...) Bon Dieu, bien visé, m'sieur le duc! sacré nom! — Eh oui! rigodon! (LA VARENDE, Homme aux gants, 1943, p. 379). Leurs drapeaux [des scouts] à croix rouge agités semblant marquer les rigodons (VIALAR, Hte-mort, 1951, p. 273).

Prononc. et Orth.: [], [-go-]. Le [o] ,,s'est même ouvert sensiblement aussi devant une seule consonne, [p. ex. dans] rigaudon, qui s'écrit aussi rigodon``(MART. Comment prononce 1913, p. 116). Ac. dep. 1718: rigodon; Ac. 1798-1878, en outre, -gau-, avec renvoi à -go-. Étymol. et Hist. A. 1. 1673, 26 janv. rigodon « danse » (M^me DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. La Pléiade, I, 573); 2. 1694 rigaudon mus. (CORNEILLE); 3. 1725 « pas de danse » (RAMEAU, Maître à danser ds LITTRÉ). B. 1907 domaine milit. (Lar. pour tous). Orig. inc. L'hyp. de ROUSSEAU (p. 419: J'ai ouï dire à un Maître à Danser, que le nom de cette Danse venoit de celui de l'inventeur, lequel s'appeloit rigaud) est invérifiable. Fréq. abs. littér.: 22.

rigaudon [ʀigodɔ̃] n. m.

ÉTYM. 1694; rigodon, 1693; orig. incert.; Guiraud rattache le mot à gaudir « se réjouir », moy. franç. resgaudir, du lat. gaudere.

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1 Danse, très vive et très gaie, qui fut en vogue aux XVII^e et XVIII^e siècles. || Danser le rigaudon (→ Cotillon, cit. 5). — (1694). Musique à deux temps sur laquelle on dansait cette danse. || Jouer un rigaudon. — On écrit aussi rigodon.

1 La Santa Crux (M^me de Forbin de Sainte-Croix) est belle, fraîche, gaie et naturelle; rien n'est faux ni emprunté chez elle. Je vous prie de songer déjà à des remerciements pour elle, et à la louer du rigodon où elle triomphe.

M^me de Sévigné, 312, Jeudi à midi…, 1673.

2 On trouve rigodon dans le Dictionnaire de l'Académie; mais cette orthographe n'est pas usitée. J'ai ouï dire à un maître à danser que le nom de cette danse venait de celui de l'inventeur, lequel s'appelait Rigaud.

Rousseau, Dict. de musique, art. Rigaudon.

REM. Cette étymologie n'est pas sûre.

REM. Le mot, écrit rigodon, est fréquent chez Céline, qui lui donne des valeurs métaphoriques (« des rigodons plein les pavés ! », Guignol's band, p. 9) et métonymiques (« affairé dans sa musique, à taper sur son rigodon », Guignol's band, p. 34) et qui en a fait le titre d'un récit.

2 Milit. Dans un exercice de tir, Batterie, sonnerie ou signal fait avec un fanion, pour indiquer que la balle a touché le centre de la cible. — Par ext. Balle mise en pleine cible. || Faire un rigaudon.

Encyclopédie Universelle. 2012.